Politique générale du gouvernement Bayrou : le grand âge, entre espoir et attentes insatisfaites

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Le Premier ministre François Bayrou a présenté sa déclaration de politique générale, mettant en avant les grandes lignes du programme gouvernemental. Si les thématiques majeures comme la réforme des retraites ont occupé une place centrale, le grand âge a été évoqué de manière succincte. En une phrase, le Premier ministre a qualifié l’accompagnement du grand âge de « priorité politique », sans toutefois détailler de mesures spécifiques. Une déclaration brève qui a suscité des réactions contrastées parmi les acteurs du secteur, en proie à des défis structurels et économiques majeurs.

Retraites : François Bayrou annonce un chantier de révision ouvert aux partenaires sociaux

Bien que la réforme des retraites de 2023 continue d’être appliquée, François Bayrou a annoncé qu’un processus de révision serait entamé dès cette semaine, en concertation avec les partenaires sociaux. La Cour des comptes sera d’abord sollicitée pour réaliser un bilan financier précis du système des retraites. Par la suite, une délégation permanente des partenaires sociaux sera mise en place pour discuter de solutions possibles pendant trois mois.

Cette révision visera à rendre la réforme plus juste et équilibrée, tout en respectant les impératifs financiers. Le Premier ministre a insisté sur le fait que « toutes les pistes méritent d’être explorées« , y compris celle d’une révision de l’âge de départ à la retraite, qui devrait être porté à 63 ans d’ici 2026.

discours François Bayrou

L’un des éléments clés du discours de François Bayrou porte sur l’ampleur du déficit du système des retraites. Selon le Premier ministre, la France consacre chaque année près de 380 milliards d’euros aux pensions, tandis que les cotisations des employeurs et des salariés ne couvrent qu’environ 325 milliards. Ce manque à gagner, estimé entre 40 et 45 milliards d’euros, engendre une dette que les générations futures devront supporter. Ce déséquilibre financier, combiné à l’augmentation de la dette publique, fait de la réforme des retraites un enjeu majeur dans les débats économiques actuels.

Grand Age : des enjeux cruciaux pour un secteur sous tension

Les attentes étaient grandes dans le domaine de l’accompagnement des personnes âgées. Les établissements et services à domicile font face à des défis colossaux : pénurie de personnel, crise financière, manque de reconnaissance des métiers et des besoins des usagers. Depuis les l’édition du livre Les Fossoyeurs il y a deux ans, la pression pour réformer ce secteur s’est accentuée, mais les avancées concrètes se font attendre.

Les propositions comme la mise en place d’un ratio minimal de personnel en établissement ou à domicile et la transformation des structures en lieux de vie plus accueillants, restent lettre morte. Par ailleurs, la loi de programmation Grand-Âge Autonomie, bien que promise pour fin 2024, demeure en suspens, laissant professionnels et usagers dans l’incertitude. L’absence de mesures financières clairement définies inquiète également, notamment pour garantir la qualité des soins et des services sur l’ensemble du territoire.

Des réactions partagées parmi les acteurs du secteur

Face à ce discours, les organisations représentatives du secteur expriment des sentiments mitigés.

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  • L’AD-PA regrette que le grand âge soit mis au second plan, dénonçant un manque d’engagement concret. Elle appelle à une action immédiate, rappelant des mesures essentielles comme le remboursement intégral des fauteuils roulants pour les plus de 75 ans, la mise à l’agenda parlementaire de la loi Grand-âge, ou encore la garantie d’un ratio minimal de personnel en établissement.
  • La FNAQPA, plus nuancée, salue la mention du grand âge dans le discours du Premier ministre tout en insistant sur la nécessité d’un plan d’action concret et rapide. Pour elle, il est temps de transformer le modèle actuel en misant sur l’efficience des moyens existants et en apportant des solutions immédiates aux professionnels et aux usagers.
  • Le Synerpa, de son côté, met en avant l’urgence d’un budget adapté. La confédération s’inquiète des incertitudes entourant des mesures clés comme la dotation de soin et l’enveloppe de soutien aux établissements fragiles. Elle plaide également pour une simplification administrative et des mesures d’activité pour les métiers du secteur.
  • La FNADEPA a accueilli avec intérêt les propos du Premier ministre François Bayrou mais déplore l’absence d’annonces concrètes et immédiates face à une situation critique dans le secteur. La fédération appelle à des mesures urgentes, notamment le déblocage d’un fonds d’urgence dans le cadre du PLFSS 2025 pour les établissements en déficit, l’inscription rapide à l’agenda parlementaire de la loi de programmation prévue par la loi Bien vieillir de 2024, ainsi que la valorisation des métiers du grand âge.

Aucune solution sans compromis, mais la réforme actuelle en cas d’échec

François Bayrou a précisé que l’objectif de cette nouvelle phase de discussions était de trouver un équilibre, « sans aucun tabou et sans aucun totem« , tout en respectant les impératifs budgétaires. Si un accord est trouvé avant le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale, l’exécutif s’engage à soumettre la nouvelle réforme au Parlement. Toutefois, si aucune solution n’émerge des négociations, la réforme actuelle restera en vigueur, a-t-il averti.

Le discours de François Bayrou, bien que porteur d’une promesse implicite, manque encore de détails pour rassurer les acteurs du vieillissement. Ces derniers réclament des engagements clairs et un financement à la hauteur des ambitions affichées. L’urgence de la situation exige des réponses rapides, car derrière ces enjeux se trouvent des milliers de personnes âgées et de professionnels en attente d’un changement durable. Reste à voir si l’exécutif saura répondre à cet appel dans les mois à venir.


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Cet article a été publié par la Rédaction le

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