L’URPS Médecins Libéraux des Pays de la Loire a interrogé les médecins généralistes libéraux sur leurs conditions d’intervention et sur la coordination des soins dans ces établissements.
Une très grande majorité de médecins généralistes libéraux exercent en EHPAD et jugent positivement les conditions d’intervention et la coordination des soins en EHPAD
La grande majorité des médecins généralistes libéraux suivent des patients résidents d’EHPAD : en moyenne 17 patients dans 3 établissements. Cette activité est plus importante en volume d’activité pour les médecins exerçant en zone rurale (qui suivent 2 fois plus de patients en EHPAD) même si cette activité est réalisée dans moins d’établissement (3 pour les médecins en zone rurale, 4 pour les médecins en zone urbaine).
- Près d’un médecin généraliste libéral sur 10 qui intervient en EHPAD est également médecin coordonnateur d’EHPAD.
- 13% des médecins qui ne sont pas coordonnateurs se montrent intéressés pour exercer cette fonction, sans avoir eu l’opportunité de l’exercer.
La moitié du temps médical libéral dans l’EHPAD n’est pas consacré à la consultation
La moitié du temps médical libéral dans l’EHPAD n’est pas consacré à la consultation mais à de nombreuses autres sollicitations des médecins par l’EHPAD en dehors de leurs visites dans l’établissement
Les médecins sont présents en moyenne 26 minutes dans l’établissement et consacrent 14 minutes de ce temps à la seule consultation, 48% du temps médical étant donc « hors consultation ».
En moyenne, les sollicitations en dehors des visites en EHPAD sont plus nombreuses que les actes programmés ou non programmés (hors PDSA).
L’activité en EHPAD représente en moyenne mensuelle 10 actes, pour 16 sollicitations en dehors de leurs interventions.
Ce qui peut rendre difficiles les conditions d’interventions
- Le manque d’anticipation et de préparation de la visite en EHPAD : le médecin ne prévient pas de sa visite en amont, le patient n’est pas prêt ou absent et le personnel de l’EHPAD n’est pas disponible au moment de la visite.
- L’hétérogénéité des logiciels entre les différents EHPAD et la non-interopérabilité de ces logiciels avec ceux qu’utilisent les médecins : ces derniers en reviennent alors au dossier papier… pour gagner du temps ! 50% disent avoir utilisé les deux, 1/3 des médecins utilisent uniquement le dossier papier et 14% uniquement le dossier informatique.
Difficultés quant à la coordination des soins en EHPAD
- La transmission d’informations entre professionnels est parfois difficile, notamment les informations médicales, du fait de l’indisponibilité des professionnels de l’EHPAD au moment de la visite ou de problèmes d’accès au système d’information.
- L’hétérogénéité des systèmes d’information ne facilite pas également la coordination des soins.
- Un médecin généraliste libéral qui intervient en EHPAD sur cinq déclare avoir déjà arrêté cette activité à son initiative dans un établissement, principalement à cause de la distance de l’établissement par rapport à son cabinet et du niveau de rémunération trop faible.
Les Améliorations envisageables
Malgré ces difficultés rencontrées dans le cadre de leur exercice libéral en EHPAD, les médecins généralistes libéraux ont une appréciation positive des conditions d’interventions libérales en EHPAD (pour 74% des EHPAD dans lesquels ils interviennent) et de la coordination des soins en EHPAD (70% des EHPAD). Pour 5% des établissements dans lesquels ils interviennent, ils jugent les conditions d’exercice libéral et la coordination des soins « mauvaises ».
Les médecins interrogés préconisent des solutions, tant pour diminuer le temps médical non consacré aux consultations que pour faciliter les échanges d’informations entre professionnels dans la coordination des soins.
Concernant les conditions d’intervention en EHPAD, ils souhaiteraient améliorer en priorité l’anticipation de l’intervention du médecin traitant en EHPAD (1ère priorité pour 251 médecins, 43% des médecins), le niveau de rémunération (1ère priorité pour 128 médecins, 23% des médecins) et la mise en place d’un dossier médical informatique sans double saisie, dans l’EHPAD et au cabinet (1ère priorité pour 105 médecins, 19% des médecins).
Des attentes moins fortes sont exprimées quant à la formation des médecins traitants libéraux à la gériatrie (1ère priorité pour 64 médecins), la mise à disposition d’une salle de consultation avec salle d’attente (1ère priorité pour 64 médecins) et la mise en place de réunions rémunérées entre professionnels (1ère priorité pour 23 médecins).
Concernant la coordination des soins, la priorité est la mise en place d’un dossier médical informatique sans double saisie (1ère priorité pour 332 médecins, 55% des médecins), devant la mise à disposition d’une salle de consultation (1ère priorité pour 132 médecins, 23% des médecins).
Représentativité de l’étude
La répartition des répondants selon leur sexe est identique à celle des médecins généralistes libéraux de la région : 33% de femmes, 67% d’hommes.
La moyenne d’âge des participants est de 51 ans, soit inférieure de 2 ans à la moyenne d’âge régionale des médecins généralistes libéraux (53 ans). La structure d’âge des répondants est très proche de la structure d’âge des médecins généralistes libéraux de la région.
La répartition des répondants selon le département où ils exercent est proche de la répartition des médecins généralistes libéraux de la région.
Méthode
Enquête réalisée du 31 mai au 12 juillet 2013 par questionnaire auto-administré, auprès de 3200 médecins généralistes libéraux intervenant dans les EHPAD en Pays de la Loire sur leurs conditions d’exercice, les modalités de coordination des soins et leurs attentes professionnelles.
Cette enquête s’inscrit dans le cadre du contrat d’objectif et de moyen avec l’ARS des Pays de la Loire.
Cet article a été publié par la Rédaction le