Mises en place dans le cadre du plan Alzheimer 2008-2012, les plateformes d’accompagnement et de répit (PFR) sont des solutions de soutien pour les aidants en France. La fédération PFR vient de publier un rapport et une liste de préconisations aux besoins différentes plateformes d’accompagnement et de répit pour les aider dans leur mission d’accompagnement.
À l’origine créées seulement pour les aidants de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, les PFR se sont ouvertes à tous en 2021, permettant ainsi aux établissements et aux services médico-sociaux de porter une plateforme d’aide aux aidants de personnes en perte d’autonomie, sans distinction sur le profil de la personne aidée.
En 2024, 297 plateformes sont référencées par la Fédération des PFR sur tout le territoire français. La fédération (FPFR) a pour rôle de les représenter nationalement.
La Fédération Soutenir les Aidants PFR a récemment publié une étude d’impact sur les plateformes d’accompagnement et de répit. Ce rapport met en évidence les défis rencontrés depuis leur création, tout en soulignant les aspects positifs observés et en formulant des préconisations pour les années à venir.
La concurrence entre dispositifs : un défi pour le soutien aux aidants
Le rapport IGAS de 2022 met en lumière une limite majeure au développement des plateformes de répit (PFR) : leur articulation insuffisante avec les politiques départementales. En effet, ces dernières détiennent des compétences spécifiques pour les publics aidés, notamment les personnes âgées et en situation de handicap, et certaines ont mis en place des dispositifs dédiés aux aidants. Cette situation génère une offre parfois redondante sur le territoire, où 58 % des PFR proposent des activités également assurées par d’autres acteurs locaux comme les établissements de santé, les CCAS, ou encore les services à domicile.
Cette prolifération de dispositifs peut entraîner une concurrence entre acteurs, rendant l’offre confuse pour les aidants. Par exemple, en Vendée, un service d’hospitalisation à domicile (HAD) a créé une « ressourcerie des aidants« , reprenant des services similaires à ceux des PFR, tels que des entretiens individuels et des ateliers. À Boulogne-Billancourt, une surabondance d’ateliers cuisine proposés par différents partenaires interroge sur la pertinence et l’efficacité de ces initiatives, tout en soulevant des questions sur l’optimisation des financements publics. Cette situation pose un défi clé : celui de la régulation et de la coordination des dispositifs pour garantir leur complémentarité et leur qualité, évitant ainsi une fragmentation qui pourrait nuire à l’objectif d’accompagnement global et efficace des aidants.
Un accompagnement très apprécié selon ce rapport d’impact
Ce rapport d’impact constate que l’accompagnement proposé par les PFR est en général très positif pour les aidants et les structures les accueillant. On relève :
- Des améliorations significatives de la vie au quotidien :
Les aidants accompagnés par les PFR perçoivent très nettement les effets positifs des soutiens dont ils bénéficient dans leur vie quotidienne.
- Un apport en ressource et en informations très utile :
Lorsque les aidants entrent en contact avec une PFR, ils obtiennent des informations utiles sur les aides et les ressources existantes, autant pour eux que pour la personne aidée.
- Un bon accueil par les professionnels :
La qualité de l’accueil proposé par les équipes des PFR est largement reconnue par l’ensemble des aidants accompagnés, puisqu’ils sont 87% à déclarer avoir été bien accueillis et 80% ont le sentiment d’être écoutés par les professionnels des PFR.
- Un espace d’entraide et de confiance :
En plus de la qualité de l’accueil et de la relation avec les professionnels de l’équipe de la plateforme, les aidants apprécient également les échanges avec les autres aidants qui participent aux activités de la PFR. Ils sont 60% à considérer que ces échanges entre aidants leur apportent un réconfort.
Le rôle crucial de PFR en matière d’aide aux aidants
Les plateformes d’accompagnement et de répit (PFR) jouent un rôle crucial dans le soutien aux aidants, particulièrement les plus vulnérables. Ces structures, bien que méconnues, répondent à un besoin grandissant en offrant un espace d’écoute et d’échange. Les aidants peuvent y trouver une reconnaissance de leur rôle, ainsi qu’une information sur les solutions adaptées à leurs défis quotidiens. Les PFR s’efforcent d’instaurer des relations de confiance, permettant aux aidants d’exprimer leurs émotions et de mieux comprendre leur position. Cependant, leur participation aux activités reste limitée, souvent en raison des nombreux obstacles que les aidants rencontrent dans leur quotidien.
Malgré l’engagement des équipes, les PFR font face à des contraintes importantes. Avec des ressources humaines et financières restreintes, ces structures peinent à répondre pleinement aux attentes des aidants. Leur légitimité, bien qu’établie, nécessite d’être renforcée pour s’intégrer de manière plus cohérente dans le paysage médico-social et articuler les différentes initiatives locales. Pour maximiser leur impact, il est indispensable de développer leurs moyens, de consolider les partenariats et d’améliorer leur visibilité. Ces actions permettraient de construire un véritable parcours d’accompagnement pour les aidants, tout en optimisant l’utilisation des ressources disponibles.
Télécharger l’infographie de l’Étude d’Impact sur les PFR
Les préconisations de l’étude d’impact des PFR
En fonction des différents impacts et limites rencontrés par les aidants et les PFR en elles-mêmes, cette étude d’impact livre différentes préconisations :
Pour les aidants qui peuvent avoir du mal à comprendre ce que sont les PFR :
- Changer le nom des PFR et les appeler toutes de la même façon
- Expliciter et réaffirmer les objectifs des PFR : à quoi doit servir l’accompagnement des aidants ? À trouver leur “juste place” par rapport à la personne aidée ? À sortir de l’aidance ?
- Donner une légitimité aux PFR auprès des acteurs locaux qui proposent du soutien aux aidants
Pour la concurrence dans le soutien aux aidants au sein d’un même territoire :
- Faire des PFR des centres de ressources afin qu’elles deviennent le guichet unique des aidants sur leur territoire
→ 77% des PFR considèrent que les plateformes devraient devenir centres de ressources et d’expertise sur le soutien aux aidants
- Renforcer les moyens financiers des PFR afin de leur permettre de recruter de nouveaux professionnels et de remplir leurs missions de centre de ressources
→ Obtention d’un financement par la conférence des financeurs
Pour les plateformes qui proposent de l’accompagnement mais peu de répit :
- Faire en sorte que toutes les PFR proposent une offre socle complète de répit (activité en interne ou via un prestataire):
- En structure (lieu d’accueil) et à domicile
- De courte ou de longue durée
- Financer de façon plus significative le répit à domicile
- Le répit de longue durée via le relayage ou la suppléance à domicile
- Le répit de courte durée via le développement du dispositif “temps libéré”
Concernant l’accompagnement qui ne vise qu’en majorité les aidants les plus épuisés :
- Mettre en place des actions de prévention afin de sensibiliser les futurs aidants et d’accompagner les aidants au début de leur rôle afin de réduire la part d’aidants en situation d’urgence
- Intégrer davantage les aidants du début de leur parcours afin d’éviter que les aidants ne pensent qu’ils sont l’unique solution
- Mener / développer des actions de prévention
- Accentuer les partenariats et la communication auprès de la population
Pour les aidants actifs peu présents :
- Élargir les horaires d’ouverture au soir et le week-end
- Proposer un accompagnement adapté à leurs besoins
- les informer sur leurs droits
- les aider à communiquer auprès de leur employeur
- les aider à valoriser leurs compétences etc.
En cas de manque de définition commune des aidants :
- Proposer systématiquement un accompagnement à destination des post-aidants et des aidants de personnes vivant en établissement au sen des plateformes
- S’appuyer sur l’expertise des post-aidants pour leur proposer de mettre en place de la pair-aidance auprès des usagers de la plateforme
Si les aidants sont en demande de pair-aidance :
- S’appuyer sur l’expertise des post-aidants de la PFR
- Organiser des temps de discussion supervisé par un aidant-expert formé
Si peu de liens existent entre les PFR et les services autonomie à domicile :
- Développer les partenariats ou conventionnements avec les services à domicile afin d’orienter les aidants vers les solutions de répit existants et vérifier en amont la conformité des prestations proposées
- Former ou sensibiliser les professionnels des services à domicile pour le repérage
En cas de difficulté des aidants à se rendre au sein de la PFR :
- Maillage territotiale des plateformes à étoffer
- Organiser des permanences au sein des locaux des partenaires
En cas de manque de personnel :
- Augmenter la dotation de l’ARS en lien avec la file active des PFR
- S’appuyer sur d’anciens salariés du secteur médico-social à la retraite qui pourraient intervenir en tant que bénévole en complément des salariés sur des animations territoriale des plateformes à étoffer
Cet article a été publié par la Rédaction le