[Etude] Comment détecter les signes annonciateurs de la démence à l’aide d’un téléphone portable ?

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Comment détecter les signes annonciateurs de la démence à l’aide d’un téléphone portable ? Une équipe internationale de scientifiques s’est penchée sur la question et a mis au point un test simple et économique.

Une équipe internationale de scientifiques a mis au point un nouveau procédé de dépistage à domicile du déclin cognitif lié à l’âge en se servant d’un test demandant aux patients de détecter des sons et des clignotements sur leur ordinateur portable ou leur téléphone.

Un test simple et économique

Produite par des chercheurs de Suisse et du Royaume-Uni, l’étude montre que le test, à la fois simple et économique, est de nature à contribuer à l’amélioration du diagnostic précoce du Déficit cognitif léger (DCL) et à favoriser ainsi les interventions utiles en temps voulu. Ce constat est d’autant plus intéressant que le DCL se transforme en maladie d’Alzheimer chez 30 à 50 % des personnes concernées.

Les recherches, qui ont notamment mobilisé deux chercheurs britanniques, les Dr Trudi Edginton (City University of London) et Alison Eardley (Université de Westminster), éclairent par ailleurs d’un jour nouveau notre compréhension de la manière dont le cerveau des personnes âgées traite les informations provenant des différents sens. Elles ont été publiées le 11 juin 2018 dans la revue Nature Scientific Reports.

50 millions de personnes seraient atteintes de démence dans le monde

S’agissant du DCL, il n’existe actuellement aucun test de diagnostic sanguin similaire à celui élaboré pour le diabète : le seul diagnostic disponible à ce jour consiste en de longues évaluations neuropsychologiques associant tests de contrôle cognitif et de mémoire et questions sur les activités quotidiennes et sur l’humeur. Or ces tests onéreux demandent une formation, prennent beaucoup de temps aux patients et aux cliniciens, et leurs conclusions peuvent être influencées par des facteurs tels que le QI de l’individu, son statut socioéconomique, voire les testeurs eux-mêmes. Sachant que la population mondiale vieillit et que le nombre de personnes atteintes de démence est estimé à 50 millions sur la planète, la mise au point d’un nouveau test relevait par conséquent de l’urgence.

123 participants

Pour les besoins de l’étude, il a simplement été demandé aux 123 participants d’appuyer sur un bouton quand ils voyaient un clignotement ou entendaient un son. Dans certains cas, les clignotements et les sons étaient présentés séparément, tandis que dans d’autres, les deux stimuli étaient émis simultanément. Parmi les participants, on comptait 51 jeunes adultes en bonne santé, 49 adultes âgés en bonne santé, et 23 adultes âgés atteints de DCL.

Sous la direction du Professeur Micah Murray de l’Université de Lausanne (Suisse), les chercheurs ont ensuite déduit deux mesures des résultats obtenus par les différentes personnes, en se demandant : 1) si elles détectaient plus rapidement les clignotements ou les sons, et 2) si elles tiraient un avantage de la détection d’un stimulus visuo-auditif par rapport aux clignotements ou aux sons. Le Dr Paul Matusz, de l’Université de Lausanne, explique qu’avec ces deux seules mesures, l’équipe a pu dire avec précision si une personne allait recevoir ou non un diagnostic de DCL à l’aide de tests cliniques ordinaires.

Trudi Edginton, neuroscientifique cognitive et psychologue clinique à la City University of London (Londres, Royaume-Uni), fait pour sa part observer :  » Nos conclusions ouvrent une possibilité prometteuse : celle qu’une simple tâche perceptuelle constitue un précieux outil complémentaire pour le dépistage et l’évaluation du DCL. Cela dit, le test que nous avons introduit ne doit pas encore être considéré comme un substitut à ceux actuellement utilisés en pratique clinique. L’équipe réfléchit à présent à de nouvelles techniques permettant de valider cet outil de dépistage innovant et d’explorer le rôle des systèmes de neurotransmetteurs dans les altérations des fonctions sensorielles et cognitives attribuables au vieillissement ou aux pathologies, ce afin d’approfondir les options envisageables pour le diagnostic précoce et le traitement potentiel. « 

Micah Murray, Professeur de Radiologie et de Neurosciences cliniques au Centre hospitalier universitaire et à l’Université de Lausanne, se félicite de ces avancées :  » Nous nous réjouissons beaucoup de ces travaux, car ils montrent que la réalisation de tests très simples facilite la pratique clinique en touchant une population plus large à un moindre coût. Nous sommes heureux du fait que nos conclusions clarifient le lien entre notre vision et notre audition et leur rôle dans la stimulation du fonctionnement de la mémoire : il devient de plus en plus évident que le degré de préservation de nos aptitudes cognitives au fil du vieillissement dépend de l’acuité de nos sens. Notons que cela prolonge les résultats déjà établis chez les enfants d’âge scolaire. « 


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Cet article a été publié par la Rédaction le

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