Selon une étude du Joint Center for Housing Study (Centre conjoint d’études sur le logement) de l’Université de Harvard, les seniors américains sont les plus grands consommateurs en matière de travaux d’aménagement intérieur. S’ils sont des adeptes du maintien à domicile, ils sont en revanche assez peu conscients des enjeux d’accessibilité.
Des seniors américains de plus en plus présents sur le marché de l’aménagement intérieur
Entre 2000 et 2005, les propriétaires âgés de 55 et plus étaient à l’origine de 30% du total des dépenses d’aménagement intérieur aux Etats-Unis, selon l’étude Aging in Place: Implications for Remodeling (Maintien à domicile et impact sur l’aménagement intérieur) de l’Université d’Harvard. En 2013, ce nombre était passé à 47%, soit un montant total de 90 milliards de dollars, dépassant pour la première fois les propriétaires d’âge moyen. Entre 2001 et 2013, les dépenses d’aménagement intérieur pour ce groupe démographique ont connu une augmentation de 32%, contre 4,5% seulement de croissance tous groupes démographiques confondus.
Un facteur d’explication simple : l’avancée en âge des baby boomers, désormais des seniors. Cette augmentation est également à rapprocher de la plus grande implication des seniors dans le monde du travail : elle a augmenté de 55,9 en 1999 à 64,1% en 2013 pour les 55-64 ans, et de 12 à 18,6% pour les plus de 65 ans.
On estime qu’à l’horizon 2030, 36 millions de propriétaires américains seront âgés de plus de 65 ans, contre 22 millions en 2015, au moment où l’étude a été menée. L’influence des seniors américains sur le marché des aménagements intérieurs est donc destinée à s’accentuer.
Partant de ce constat, l’étude se propose d’étudier leurs préférences en matière d’aménagement intérieur.
Mais assez peu conscients des enjeux de l’accessibilité
D’après un sondage réalisé en avril 2014 par l’AARP (American Association of Retired People), 87% des Américains de 50 ans et plus souhaitent rester chez eux aussi longtemps que possible. Les enjeux du maintien à domicile : préserver son indépendance, rester dans sa communauté, et éviter la charge financière considérable de la vie en maison de retraite aux Etats-Unis.
56% des baby boomers veulent effectuer des travaux afin de faciliter l’entretien de leur domicile. Mais plus encore, ils désirent augmenter la valeur de leur propriétaire (79%), faire des réparations (77%), améliorer l’efficacité énergétique du logement (63%), ou changer de style (61%). Ils sont comparativement peu nombreux (45%) à entreprendre des travaux dans le but de rendre leur domicile plus confortable et plus adapté à l’avancée en âge; même parmi ceux-ci, peu nombreux sont ceux qui font le lien entre maintien à domicile et problèmes d’accessibilité et de sécurité. Ils n’étaient en effet que 36% à accorder de l’importance à l’accessibilité du domicile aux personnes handicapées ou souffrant de problèmes de santé. En outre, près d’un quart des répondants estimaient que leur maison était adaptée à l’avancée en âge, tout en admettant qu’elle n’était pas accessible.
Lire le dossier : Bien vieillir chez soi : quelles solutions pour aménager son domicile ?
Accessibilité, quelle accessibilité ?
Les baby boomers sensibles à ces questions ont tendance à placer la cuisine et la salle de bain en tête des pièces à réaménager dans les trois prochaines années. Ils mentionnent également le placement des chambres et de la salle de bain, un logement de plain-pied, et l’élargissement des halls d’entrées et des portes.
La peur de la stigmatisation, un obstacle au maintien à domicile ?
La raison de ce manque d’engouement vis-à-vis de ces questions d’accessibilité ? La communication, selon une étude du Demand Institute (Institut de la demande). L’utilisation de termes comme « seniors », « handicap » et « accessibilité » ne parlent en effet pas à la génération des baby boomers, bien qu’ils soient en majorité conscients des avantages d’un logement construit de plain-pied et plus facile à entretenir. Ils sont ainsi peu enclins à rechercher des produits et des solutions « spécial seniors ». Un effort de sensibilisation demeure donc à produire, d’autant plus que près d’un tiers du parc immobilier demeure inadapté aux besoins de l’avancée en âge, conclut l’étude.
Télécharger l’étude Aging in Place: Implications for Remodeling (en anglais)
Cet article a été publié par la Rédaction le