Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a adopté à l’unanimité une résolution marquant un tournant majeur dans la reconnaissance et la protection des droits des personnes âgées. Ce texte établit un groupe de travail intergouvernemental chargé de rédiger une convention juridiquement contraignante, comblant ainsi une lacune de longue date dans le droit international.
- L’ONU lance l’élaboration d’une convention sur les droits des personnes âgées
- L’objectif : une reconnaissance mondiale de l’âgisme comme discrimination à combattre
- Une mobilisation historique de la société civile et des ONG internationales
- La première session du groupe de travail est prévue d’ici fin 2025
- Vers une protection juridique universelle du droit à vieillir dans la dignité
Droits des personnes âgées : vers une meilleure protection juridique
En dépit de la croissance rapide du nombre de personnes âgées au sein de la population mondiale, leurs droits ont souvent été négligés. Aucune convention internationale actuelle ne traite spécifiquement de leurs besoins, ni n’interdit explicitement la discrimination fondée sur l’âge (âgisme). Cette initiative vise donc à remédier à ces manquements systémiques.
Elena Sergi, militante d’Amnesty International, a salué cette avancée comme “une étape majeure de la lutte pour la protection des droits des personnes âgées”. Elle a souligné la nécessité de garantir une participation pleine et effective de la société civile et des organisations représentant les personnes âgées à toutes les étapes du processus.
Des manquements aux droits des personnes âgées trop souvent ignorés
Les abus dont sont victimes les personnes âgées sont nombreux : violences physiques (notamment la maltraitance en institution), exclusion sociale et politique, discrimination en matière d’accès à l’emploi, aux soins de santé ou à la protection sociale, ou encore manque d’inclusion dans les politiques publiques. Leur vulnérabilité est exacerbée dans les situations de crise humanitaire, de conflits armés ou encore face aux effets du changement climatique.
Des organisations comme Amnesty International, Human Rights Watch, HelpAge International ou encore la Global Alliance for the Rights of Older People (GAROP) dénoncent depuis des années l’absence de protections spécifiques. La campagne “Age Loud!”, lancée par Amnesty, a notamment permis de porter cette problématique sur le devant de la scène internationale.
Une victoire après plus d’une décennie d’efforts
Depuis 2010, un groupe de parole onusien sur le vieillissement a évalué les lacunes du système existant. Quatorze sessions ont été organisées, démontrant de manière incontestable le besoin d’un instrument international dédié. L’appel à l’action a été soutenu par plus de 400 organisations membres de GAROP.
Cette mobilisation a abouti, en mai 2024, à une recommandation unanime des États membres de l’ONU en faveur de mesures renforcées. La résolution du 3 avril 2025 concrétise donc cette volonté politique.
Une prise de conscience internationale
Cinq pays ont joué un rôle important dans cette prise de décision majeure : l’Argentine, le Brésil, la Gambie, les Philippines et la Slovénie. Leur engagement témoigne d’une prise de conscience globale : le vieillissement accru de la population est un phénomène rendu universel, qui nécessite donc une réponse coordonnée à l’échelle internationale.
Marcus Riley, représentant du Global Ageing Network, a salué cette décision qu’il déclare comme « historique qui transformera la vie de millions de personnes âgées dans le monde« .
Les prochaines étapes
Le nouveau groupe de travail devrait tenir sa première session organisationnelle avant la fin de l’année 2025. Deux réunions annuelles sont prévues à Genève, avec une diffusion en ligne pour assurer la transparence du processus. Les États membres de l’ONU, les ONG et les personnes âgées elles-mêmes seront associés à l’élaboration du texte.
La plateforme AGE, partenaire clé du processus, prévoit des consultations inclusives, des webinaires, formations et rencontres afin de garantir que les réalités vécues par les personnes âgées soient bien prises en compte lors de la rédaction du texte.
Vers une convention universelle sur les droits des personnes âgées
La future convention pourrait inclure plusieurs dispositions fondamentales :
- L’interdiction explicite de la discrimination fondée sur l’âge
- L’accès égal à la justice, aux soins de santé et aux services sociaux
- Une protection renforcée en situation de crise humanitaire ou de conflit
- L’obligation pour les États membres de ratifier des lois non-discriminatoires
- La reconnaissance de la contribution des personnes âgées à la société
Pour aller de l’avant, il est essentiel que la société civile – en particulier les personnes âgées et les organisations qui les représentent – soit pleinement et efficacement impliquée. La transparence et l’inclusivité doivent être au cœur de ce processus.
Andrew Kavala, directeur général du Malawi Network of Older Persons’ Organisations (MANEPO), membre du réseau mondial de HelpAge
Une reconnaissance du droit à vieillir dans la dignité
Cette initiative illustre un changement profond dans la manière dont les droits humains sont envisagés à l’échelle internationale.
L’âgisme, la discrimination fondée sur l’âge et la violation des droits des personnes âgées méritent le même niveau d’attention et de protection dans le système international des droits de l’homme que n’importe quelle autre violation des droits.
Bridget Sleap de Human Rights Watch
À travers cette démarche, l’ONU affirme un principe fondamental : chaque être humain, quel que soit son âge, a droit à une vie digne, respectée et protégée par la loi.
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Cet article a été publié par la Rédaction le