Les notions de vieillissement et de conduite sont étroitement liées et en même temps constituent un véritable paradoxe. En effet, conduire permet de maintenir l’autonomie des seniors mais l’âge avancé est perçu comme un facteur de risque important sur la route par les autres usagers.
Dès lors, comment réagir ? Plus d’informations dans le dossier de la rédaction.
La conduite, une activité fondamentale pour les seniors
Le défi est le suivant : conduire étant synonyme d’autonomie et de vie sociale, il est capital de maintenir les conducteurs âgés sur la route. En effet, la voiture permet de se déplacer pour faire ses courses, d’aller voir ses proches… A la campagne, on est bien souvent isolé lorsque l’on ne peut plus conduire et être capable de continuer à conduire fait partie intrinsèque de la qualité de vie des seniors.
Selon les statistiques, il n’y aurait pas forcement plus d’accidents chez les conducteurs âgés en bonne santé que chez les plus jeunes, et donc a priori pas lieu de restreindre la conduite automobile uniquement en raison de l’âge d’une personne. Néanmoins, un certain nombre de pathologies fréquentes avec le vieillissement peuvent constituer un danger pour la conduite automobile (pathologies de la perception de l’environnement, du système moteur ou du système cognitif).
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Vieillissement : quelles incidences sur la conduite ?
La conduite est une tâche qui nécessite des capacités perceptives, motrices et cognitives. Et au fil des années, ces capacités peuvent s’amoindrir.
Déclin des capacités motrices
La limitation des amplitudes articulaires peut gêner la conduite d’un véhicule : réduction des forces musculaires des membres inférieurs et supérieurs, arthrose…
Déclin des capacités cognitives
Certains troubles cognitifs peuvent se traduire par un ralentissement du traitement de l’information, par une inhibition pour effectuer une action, par des difficultés pour réaliser une double tâche, des ralentissements, des troubles de planification, etc.
Les temps de réaction sont affectés par l’âge : plus la situation est complexe plus les temps augmentent (erreurs de pédales, accélération inopinée…).
Déclin des capacités sensorielles
- Vision
Avec l’âge, surviennent par ailleurs des modifications des fonctions visuelles : moindre adaptation de la vision après passage dans l’obscurité, champ visuel se rétrécissant progressivement, baisse de l’acuité visuelle et de la perception pour distinguer deux objets distincts proches, à partir de 50 ans (lentement) et 80 ans (rapidement).
Ces défauts peuvent gêner considérablement dans la conduite automobile : les accidents aux intersections sont 16 fois plus fréquents chez les personnes qui ont une réduction important du champ visuel.
- Audition
La déficience auditive nécessite un avis spécialisé, un appareillage auditif prothétique si nécessaire et une mention restrictive sur le permis de conduire.
Seniors : quelles aptitudes à la conduite ?
Etre âgé n’est pas synonyme d’arrêt de la conduite. La décision doit être motivée par un examen et une évaluation globale de la personne. Le maintien, ou non, du permis de conduire a un impact fort sur la qualité de vie et il faut évaluer l’aptitude du conducteur grâce aux commissions médicales prévues à cet effet.
Des examens d’évaluation de l’aptitude à la conduite automobile permettent d’évaluer les capacités physiques et mentales jugées « suffisantes » pour autoriser la conduite, comprenant, entre autres, des tests pour évaluer :
- la perception de l’environnement
- les acuités auditive et visuelle
- les fonctions cognitives (orientation, mémorisation, capacité d’attention…)
- la coordination des mouvements
- les fonctions cardiovasculaires et neurologiques (épilepsie…)
- un regard sur les ordonnances et la polymédication
Ces différents examens s’accompagnent d’une information au patient et sa famille des situations à risque.
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Comment améliorer la sécurité routière chez les seniors ?
- Eduquer et former
Des cours de remise à niveau des connaissances peuvent être envisagés pour les conducteurs âgés, car la législation change.
- Entraînement cognitif
Des jeux vidéos peuvent aider à restaurer la capacité des conducteurs âgés à effectuer plusieurs tâches en même temps.
- Système d’assistance à la conduite
Les systèmes avancés d’aide à la conduite peuvent aider les conducteurs âges et réduire les victimes parmi les usagers.
- Amélioration des infrastructures
Et chez nos voisins ?
Au Danemark, on a instauré un dépistage obligatoire des troubles cognitifs et retiré la possibilité de conduire à toutes les personnes qui n’avaient pas d’assez bons résultats aux tests d’évaluation des fonctions cognitives.
Au Quebec, le code de sécurité routière prévoit un examen à 75 ans, puis à 80 ans puis tous les 2 ans. Le médecin ne statue pas sur la capacité à conduire mais liste les risques du patient pour la conduite.
Au Japon, alors que la population est de plus en plus vieillissant, le pays songe à instaurer des parcs de véhicules en libre-service, dont la conduite serait lourdement assistée, voire autonome, afin d’aider les conducteurs à se faufiler sans risque dans la circulation.
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Cet article a été publié par la Rédaction le
C’est un sujet à controverse un peu partout. Aucune des solutions ne semble trouver bonne grâce aux yeux de tous. Il y a toujours un os quelque part. En tout cas, merci pour le dossier bien instructif 🙂