Alors qu’on dénombre désormais plus de 1 100 cas de COVID-19 en France et que le passage au stade 3 de l’alerte sanitaire est envisagé, une attention particulière doit être portée aux plus vulnérables dont font partie les seniors. En visite dans un EHPAD Parisien le 6 mars dernier, le chef de l’Etat a d’ailleurs déclaré que « La priorité de la Nation est de protéger nos aînés ». Ainsi, les mesures de prévention se développent dans les établissements de santé et auprès des intervenants à domicile.
En cas de contamination, le taux de mortalité s’élève à 3,6% pour les seniors entre 60 et 69 ans, 8% pour les personnes entre 70 et 79 ans, et 14,8% pour les plus de 80 ans.
Déclenchement du plan bleu pour les maisons de retraite et EHPAD
Nous venons de décider pour l’ensemble du territoire la mise sous tension de l’ensemble des établissements de santé et médico-sociaux déclare Olivier Véran
Vendredi dernier, le nouveau Ministre de la Santé et des Solidarités Olivier Véran a pris la décision de déclencher le plan blanc pour les hôpitaux et cliniques et le plan bleu pour les maisons de retraites et EHPAD sur l’ensemble du territoire, à savoir « un plan détaillant les modalités d’organisation à mettre en œuvre en cas de crise sanitaire ou climatique, conformément à un cahier des charges arrêté par les ministres de la Santé et des personnes âgées ».
Définition d’un « plan bleu » d’après le Guide d’élaboration d’un plan bleu de l’ARS Hauts-de-France
Depuis l’épisode caniculaire de 2003 et ses importantes conséquences sanitaires, les établissements hébergeant des personnes âgées ont pour obligation de rédiger un plan de gestion de crise dénommé « plan bleu ». Cette obligation a été étendue aux établissements accueillant des personnes handicapées en 2007.
Elaboré sous la responsabilité du directeur de l’établissement, le plan bleu ne se limite pas à un simple document destiné à satisfaire aux obligations réglementaires. Il doit s’agir au contraire d’un outil opérationnel connu de tous, régulièrement testé et mis à jour.
Initialement dédié aux périodes de forte chaleur, le plan bleu doit être l’équivalent médico-social des plans blancs pour les établissements sanitaires : un outil de gestion de crise regroupant l’ensemble des risques auxquels l’établissement est susceptible d’être exposé, associés à la réponse que l’établissement pourra y apporter. L’établissement doit donc élaborer des mesures préventives et correctives, et les faire connaître aussi bien auprès du personnel que des résidents.
L’objectif est d’améliorer la réactivité en cas d’alerte et préserver ainsi le bien-être et la santé des résidents mais aussi du personnel, ce quelles que soient les circonstances.
Le plan bleu concerne à la fois la gestion d’une crise interne et/ou externe à l’établissement, pouvant induire :
- le confinement des résidents, usagers et personnels ;
- l’évacuation des résidents, usagers et personnels ;
- l’accueil de personnes (PA/PH) venant de leur domicile ou du lieu du sinistre;
- l’accueil de personnes (PA/PH) venant d’autres établissements, notamment d’un établissement de santé dans le cadre du déclenchement de son plan blanc, et selon les directives du Plan Blanc Elargi.
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Limitation des visites
Alors que le chef de l’Etat a appelé vendredi à « Limiter les visites au maximum » et « Éviter de visiter nos anciens », plusieurs établissements ont d’ores et déjà pris des mesures pour limiter les visites notamment en réduisant les horaires de visite ou en procédant à un filtrage :
- Limitation du nombre de visiteurs
- Entrée interdite aux personnes symptomatiques ou revenant de zone à risques
- Entrée limitée voire interdite pour les enfants considérés comme porteurs de nombreux virus
Dans certaines régions, les visites ont même été interrompues.
Malgré ce renforcement des consignes de sécurité, il demeure inenvisageable d’interdire complètement les visites notamment en ce qui concerne les résidents en fin de vie. Ainsi, les proches concernés devraient pouvoir bénéficier de consignes adaptées.
Un bouleversement du quotidien des personnes âgées
Bien que destinées à protéger nos aînés, ces restrictions peuvent aussi agir comme un véritable bouleversement de leur quotidien. Sorties et visites limitées, impossibilité de faire venir les intervenants extérieurs, activitées extérieures annulées… Les soignants craignent que cette épidémie puisse, à la longue, affecter le moral des résidents et ne les isole d’autant plus.
Le cas des services à la personne
S’il est nécessaire pour les établissements pour personnes âgées de prendre des mesures restrictives pour la sécurité de leurs résidents, les services à la personne sont également impactés et doivent eux aussi s’adapter au mieux à cette situation de crise : anticiper l’absence de certains intervenants, assurer la continuité des services, suivre les nouvelles consignes sanitaires…
C’est notamment le cas des salariés administratifs du Réseau APA Haut-Rhin qui ont mit en place une cellule de crise au mois de février et se sont réunis d’urgence ce week-end pour pallier au sous-effectif résultant de la fermeture des écoles dans le département.
Cet article a été publié par la Rédaction le