TRIBUNE : Comment la prévention peut constituer le pilier du système de santé français

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Alors que notre population vieillit et que le nombre de maladies chroniques augmente, comment maintenir notre système de santé à flot ? La prévention, en particulier par le biais de l’innovation technologique, doit figurer au cœur de nos priorités ! Une tribune réalisée par Anne-Claire Hay, Directrice commerciale Santé et Prévoyance Allianz Partners France

Le vieillissement de la population et les progrès de la médecine font que le nombre de personnes traitées pour des maladies chroniques est en hausse constante. Il augmente à un rythme de 2,5 % par an actuellement, soit 300 000 cas de plus chaque année. Face à cette croissance, la menace pour la soutenabilité du système de santé est réelle. Alors qu’il existe des solutions comme le développement d’une santé préventive, la France n’a pas encore pris ce virage.

Anne-Claire Hay - Allianz Partners France

Si l’adage consiste en « mieux prévenir que guérir », le pays reste encore essentiellement orienté sur un modèle curatif malgré des initiatives menées par plusieurs associations à l’image des MarSoins, ces anciens camions de la médecine du travail qui sillonnent les routes de Loire-Atlantique et du Finistère, pour faire de la prévention auprès de patients souvent éloignés du système de santé.

Dans ce contexte et alors que le Parlement a récemment voté une loi sur l’amélioration des soins, une question tout autant structurelle semble être écartée des discussions : quelle place pour la prévention, en particulier via les outils technologiques, dans notre système de soins ?

Prévenir en personnalisant davantage le parcours patient…

La France accuse un important retard en termes de prévention. L’OCDE et la Commission européenne évaluent à 2 % la part de la prévention dans les dépenses de santé dans l’Hexagone contre 3,1 % en moyenne dans l’Union européenne. Et en pratique, cela se ressent : seulement 22 % des femmes éligibles ont effectué un dépistage du cancer du col de l’utérus contre une moyenne de 50 % dans l’ensemble de l’Union européenne. Changer ce paradigme fait presque figure de prérequis, si la France souhaite garantir la pérennité de son système de santé.

santé

Le thème de la prévention de la dépendance constitue un bon « cas d’école » des progrès qui peuvent être réalisés. La Cour des Comptes a d’ailleurs pointé du doigt la faible efficience du « virage domiciliaire » voulu par les Autorités. Or, des solutions existent et sont développées avec succès en Europe. En 1982 au Danemark, 16 % des personnes de plus de 75 ans vivaient en établissement, contre moins de 6 % aujourd’hui. Pour en arriver là, le pays a pris des mesures fortes : lorsqu’une personne âgée rencontre des difficultés physiques dans son logement, la commune doit gratuitement aménager son domicile ou, si c’est impossible, lui proposer un logement adapté de superficie équivalente à proximité. En parallèle, tout Danois âgé de plus de 75 ans doit, sauf s’il s’y oppose, faire l’objet d’une visite à domicile de prévention d’un travailleur social ou d’un infirmier deux fois par an, quel que soit son état. Alors qu’en France, près de 110 000 seniors supplémentaires seront en situation de dépendance d’ici 2050, ce type d’initiatives doit inspirer nos pratiques.

Néanmoins, outre un meilleur parcours patient, prévenir consiste aussi à capitaliser sur des innovations technologiques utiles pour tous les acteurs.

… et en s’appuyant sur le déploiement des outils technologiques

La transition vers ce modèle implique de mieux accompagner les patients, grâce au numérique. A ce titre, des projets pilotes audacieux gagnent à être élargis sur l’ensemble du territoire. Par exemple, le programme ICOPE a été mis en œuvre depuis 2020 par le Gérontopôle de Toulouse et d’autres partenaires et a vocation à dépister et suivre 200 000 personnes. Il vise à retarder la dépendance en repérant précocement les facteurs de « fragilité » chez les séniors et en les incitant à être acteurs de leur santé. Comment ? Avec l’aide d’une application qui permet au patient lui-même, d’évaluer 6 fonctions essentielles (mobilité, état nutritionnel, santé mentale, cognition, audition et vision) à partir de tests simples. Ce cas pratique souligne l’efficacité des systèmes de suivi à distance automatisés qui libéreraient 90 % du temps d’un infirmier, permettant ainsi d’améliorer la qualité et le nombre de prise en charge des patients.

Toujours dans cette optique, la télémédecine gagne à se développer. Même si les responsables d’établissements de santé investissent dans ces outils et dans l’innovation au sens large, il est possible d’aller plus loin. Selon une récente étude, la France semble être à la traîne par rapport aux États-Unis en matière de télémédecine, puisque seuls 10 % des Français utilisent des applications pour des visites virtuelles chez le médecin. L’enjeu est donc d’offrir aux Français l’opportunité d’adopter ce type d’outil au bénéfice de leur santé et dans le cadre de la lutte qui contre les déserts médicaux. Mais cela ne doit pas se faire au détriment de la qualité des soins. C’est d’ailleurs pour éviter certaines dérives qu’un nouveau statut des sociétés de télémédecine verra le jour en 2024.


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Cet article a été publié par la Rédaction le

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