Depuis sa création, le terme de bientraitance s’est enrichi de diverses réflexions. Si il était possible de faire une synthèse de ces apports, nous dirions qu’ils tournent la bientraitance vers le souci de l’autre dans sa singularité. La bientraitance est une démarche qui tend à apporter à la personne un maximum de bien-être en s’adaptant à chaque situation particulière. Focus sur la notion de Bientraitance envers les personnes âgées.
La Bientraitance, c’est quoi ?
Définition Bientraitance : D’où vient la notion de Bientraitance, quel sens lui donner ?
Le terme de bien-traitance voit le jour dans les années quatre-vingt-dix au sein du comité de pilotage ministériel de « L’opération pouponnières ». Cette opération avait pour objectif de rendre plus humain l’accueil de très jeunes enfants.
Si la médecine traite des différentes pathologies, on retrouve dans la bien-traitance un engagement éthique avec le terme « bien », marquant qu’il s’agit certes d’apporter des soins, un traitement, mais sans s’y restreindre. On retrouve l’idée que le bien du malade, ne peut être exclusivement réduit aux soins.
La bientraitance n’est pas uniquement façonnée par des courants de pensées, elle s’appuie sur des bases juridiques
Trois lois façonnent cette notion :
- la loi de 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale;
- la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées;
- la loi de 2007 réformant la protection de l’enfance.
Le mot “bientraitance” fait son entrée dans le dictionnaire
Présidente de l’ALCM Agissons pour la bientraitance, Myriam Munch a gagné un combat qui lui tenait particulièrement à cœur : faire entrer le mot « bientraitance » dans le dictionnaire.
Pour arriver jusqu’à cette victoire, cette infirmière libérale qui a fait de la maltraitance son cheval de bataille a dû emprunter des chemins de traverse. Le mot maltraitance entraînant des résistances de toutes parts, c’est sur son pendant positif, le terme bientraitance, qu’elle a concentré ses espoirs, en créant dans un premier temps une charte de douze recommandations pour la bientraitance.
L’Académie française n’ayant pas daigné répondre à sa requête d’intégrer le mot bientraitance dans le dictionnaire, c’est du directeur éditorial des dictionnaires Larousse, Jacques Florent, qu’est venue la bonne nouvelle : « bientraitance » apparaîtra pour la première fois dans le Petit Larousse illustré 2013.
BIENTRAITANCE
\bjɛ̃.tʁɛ.tɑ̃s\
Nom Féminin
Déf. : Fait de bientraiter un enfant, une personne âgée ou dépendante, un malade, etc…
Ensemble des soins, des actes et des comportements exercés par l’entourage familial ou professionnel d’une personne et qui procurent un bien-être physique et psychique au bénéficiaire.
Bientraitance et Maltraitance
La bientraitance est une démarche guidant les actions individuelles et les relations collectives. Elle trouve sa place au sein d’un établissement, d’un service ou à domicile. Elle vise à promouvoir le bien-être de l’usager en gardant présent à l’esprit le risque de maltraitance.
Les personnes dites « fragiles » sont davantage victimes de maltraitances. Ces maltraitances peuvent revêtir deux formes. La première est celle d’une violence dure comparable à de véritables agressions comme frapper ou entraver la personne, la menacer, ou lui extorquer de l’argent. La seconde est une violence douce qui se fait sans véritable volonté de nuire et souvent à l’insu de la personne maltraitante. Par exemple, en institution le simple fait d’oublier de frapper avant d’entrer dans la chambre d’un patient.
Les maltraitances ne sont bien entendu pas les mêmes en fonction des personnes, une personne âgée ou handicapée sera davantage sensibles aux violences financières qu’un enfant. En revanche ce dernier sera plus vulnérable aux violences psychologiques.
On ne peut définir la bientraitance comme le contraire positif de la maltraitance. Il s’agit d’une démarche propre à chaque service, à chaque intervenant ou aidant qui se fait en lien avec l’usager. C’est dans un contexte particulier que l’on peut en déterminer les modalités.
Les difficultés de la bientraitance
La bientraitance s’est d’abord penchée sur les jeunes enfants et leur accueil en institution pour une longue durée. Rapidement elle s’est étendue aux autres catégories de personnes «fragilisées» les personnes handicapées ainsi que nos aînés. Les difficultés de cette démarche sont nombreuses et diffèrent selon ces catégories.
- Pour l’enfant, une des difficultés consistait à respecter une continuité dans son développement sur le long terme, et l’aider à construire son identité dans une sécurité affective.
- Pour la personne handicapée, la première difficulté est de briser la loi du silence qui entoure les phénomènes de maltraitance, que ce soit à domicile ou en institution. Certains vont même jusqu’à employer le terme d’omerta qui est d’autant plus dur à briser avec les personnes atteintes d’un handicap mental.
- Enfin, les personnes âgées lorsqu’elles sont atteintes de maladies neurodégénératives communiquent beaucoup plus difficilement. Il devient donc très ardu pour le soignant de savoir précisément quels sont les besoins et les souhaits de la personne.
Un bon nombre d’actes de maltraitance seraient évités et davantage d’actes de bientraitance seraient produits grâce des moyens financiers supplémentaires. En effet, avec plus de personnel en institution, les soignants auraient plus de temps à consacrer aux personnes et pourraient faire du « relationnel » en plus des soins du quotidien.
Cependant nous sommes là devant une équation délicate car une augmentation de personnel irait de paire avec une hausse du coût du séjour pour les résidents…
Les différentes formes de maltraitance
Les situations de maltraitance vécues par une personne aînée peuvent être de sept principaux types :
- Maltraitance psychologique
- Maltraitance physique
- Maltraitance ordinaire
- Maltraitance sexuelle
- Maltraitance matérielle ou financière
- Maltraitance organisationnelle
- Âgisme
- Violation des droits
La négligence, une forme de maltraitance passive
La négligence fait partie des violences dites douces. Toute la population fragilisée peut être concernée par une négligence. Elle peut frapper aussi bien les enfants, les personnes handicapées, les personnes âgées dépendantes. La négligence peut s’illustrer par la non-satisfaction des besoins physiologiques de la personne comme aider la personne à se nourrir à s’hydrater, mais aussi par une absence d’attention à son hygiène corporelle ou encore un désintérêt vis-à-vis de la personne elle-même.
Cependant, dans ce cadre les personnes maltraitantes ne doivent pas être condamnées définitivement. Un parent maltraitant peut devenir bientraitant. La maltraitance peut aussi venir d’une situation de souffrance dans laquelle se trouve le parent, le soignant, l’auxiliaire de vie ou autre. Il y a donc des solutions à apporter à la personne fragile et à la personne maltraitante pour rétablir une situation de bientraitance.
La maltraitance « ordinaire »
Une personne qui a fait l’expérience d’un contact avec un établissement de santé a parfois pu avoir le sentiment d’avoir été abandonnée, mal ou pas informée, d’avoir été insuffisamment écoutée. Il s’agit de la maltraitance « ordinaire ».
Cette forme de maltraitance comprend presque exclusivement des violences douces, elle est désignée par les termes de « maltraitance ordinaire » ou encore « maltraitance passive ».
Deux types de maltraitance ordinaire sont à citer :
- La maltraitance de l’indifférence : on retrouve le sentiment de n’être considéré que comme un objet ou de la matière première ; que le personnel procure les soins, agit, discute avec un collègue comme si ni le patient ni les proches n’étaient là ; l’absence d’écoute des médecins et des soignants qui « savent toujours mieux que le malade ».
- La maltraitance institutionnelle qui se montre par le biais de règles inadaptées que le personnel est parfois gêné d’appliquer. Le manque de personnel est aussi très souvent une des causes de la maltraitance.
Télécharger l’étude de l’HAS sur la maltraitance ordinaire dans les établissements de santé.
Maltraitance : les profils à risques
Il est particulièrement délicat de déceler les cas de maltraitance, que ce soit tant du côté de la personne âgée que du côté de la personne la prenant en charge. Néanmoins, il est possible de reconnaître des profils à risques. Non que ces profils soient systématiquement maltraitants ou victimes de maltraitances, mais ils présentent un risque plus élevé que les autres.
Le profil à risque de l’aidant familial
Les personnes prenant soin d’une personne âgée dépendante peuvent présenter un risque de la maltraitance, malgré l’affection et de la volonté de bien faire dont font preuve les aidants familiaux ou naturels. Une maltraitance non intentionnelle peut survenir alors que les aidants sont confrontés à des situations difficiles, sont épuisés par la charge qui est la leur, se sentent parfois isolés, voir incompris.
Le profil à risque du professionnel
Un personnel mal formé, surchargé de travail avec une absence de cohésion au sein de l’équipe est davantage susceptible de commettre des actes de maltraitances. Un autre facteur de risque est lié à la gestion de l’établissement, des problèmes financiers ou propres aux ressources humaines qui augmentent encore les risques de maltraitances.
Comment combattre la maltraitance des personnes âgées ?
La maltraitance des personnes âgées est aujourd’hui un réel fléau, d’autant plus qu’il est souvent difficile de la déceler du fait que les victimes ne parlent que rarement de ce qu’elles subissent. On chiffre à environ 680 000 le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans victimes de maltraitance.
La maltraitance peut être décelée et combattue par des mesures de prévention et de protection.
- Il est tout d’abord important de sensibiliser et d’informer les familles ainsi que la personne âgée sur le phénomène qu’est la maltraitance.
- Il faut également maintenir le contact avec la personne âgée pour éviter son isolement, source possible de négligence et de maltraitance.
- Par ailleurs, il est souhaitable de favoriser l’intervention de professionnels pour assister les aidants familiaux comme, par exemple, les aides à domicile.
- Enfin, il ne faut pas hésiter à appeler le 39 77 en cas de doute de maltraitance à l’égard d’une personne âgée pour être guidé sur l’attitude à adopter et sur les mesures à prendre.
Quelles attitudes adopter en établissement ?
La très grande majorité des personnes travaillant en établissements pour personnes âgées sont très investies et attentives aux besoins des résidents. Ceci dit devant la lourdeur de la tâche, le risque de commettre des actes de maltraitances, mêmes intentionnels, ne doit être écarté.
La qualité des prestations du personnel soignant doit être donc vérifiée par l’institution elle-même. Les familles peuvent également adopter certaines attitudes lors de leurs visites quotidienne, comme par exemple :
- Veiller au bon déroulement de la prestation d’accueil et de prise en charge
- Vérifier comment se porte la personne hébergée, moralement et physiquement
- Manifester son désaccord auprès de la direction de l’établissement si l’on constate une quelconque agressivité de la part du personnel envers une personne âgée
- Ne pas hésiter à faire part des négligences éventuelles dans les soins ou tout autre aspect à améliorer sans craindre d’éventuelles représailles
Le 3977 : un numéro national pour lutter contre la maltraitance
La Fédération 3977 est un dispositif associatif ayant pour but de lutter contre les maltraitances faites aux personnes âgées et aux personnes handicapées en France. Ce numéro d’aide et d’alerte a été lancé le 5 février 2008 par Valérie Létard, alors secrétaire d’Etat à la solidarité, mais aussi à l’initiative des deux opérateurs historiques ALMA et HABEO.
3977
- Une plateforme nationale d’écoute, accessible via un numéro unique
- Des horaires étendus : ouverte 7 jours sur 7, de 9h à 19h
- Une accessibilité renforcée : un service dédié aux personnes sourdes ou malentendantes est disponible du lundi au vendredi, de 9h à 17h30.
- Un maillage territorial efficace avec 52 centres départementaux ou interdépartementaux, couvrant 74 départements et une collectivité d’outre-mer
- Plus de 600 bénévoles formés qui assurent un accueil et un accompagnement adaptés
Le 39 77 est une ligne d’écoute constituant un point d’entrée essentiel pour toutes les victimes, proches, témoins ou professionnels confrontés à une situation de maltraitance. Ce réseau garantit une prise en charge locale et rapide, essentielle pour répondre aux situations d’urgence.
Les objectifs de la Fédération 3977
La mission de la Fédération 3977 s’articule autour de quatre grands axes :
- Répondre aux alertes et orienter les situations signalées vers les services compétents, pour mettre fin aux maltraitances identifiées.
- Prévenir les maltraitances en informant et formant les professionnels et les proches aidants à détecter les premiers signes.
- Sensibiliser l’ensemble des acteurs – grand public, proches et professionnels – à l’impact des maltraitances et à l’importance de signaler les abus.
- Contribuer à une politique publique nationale en matière de lutte contre les maltraitances, en participant activement aux instances dédiées.
Les origines du 3977
À l’origine de ce numéro d’aide contre les maltraitances se trouvent plusieurs acteurs : en premier lieu AFBAH, qui a changé de nom pour HABEO, et ALMA, ou Allo Maltraitance. Les pouvoirs publics ont eux aussi mené des projets afin de lutter contre la maltraitance.
AFBAH
Fondée en 2002, l’Association Française pour la Bientraitance des Aînés et/ou Handicapés AFBHA agissait pour la sensibilisation et la prévention de la maltraitance, aussi bien chez les particuliers que chez les professionnels. Un « numéro de solidarité vieillesse » a été mis en place 2004 remplacé par le 3977 en 2008.
HABEO
En 2011, l’Association Française pour la Bientraitance des Aînés et/ou Handicapés qui était en charge du numéro d’appel 3977, évoluait et devenait HABEO : Handicap Age Bientraitance Ecoute Orientation.
Un nouveau nom, une nouvelle signature, des missions et des valeurs réaffirmées… L’association a poursuivi sa lutte contre la maltraitance des personnes âgées et des adultes handicapés.
Allo Maltraitance : l’autre réseau ALMA
L’ALMA est un autre interlocuteur que le 3977.
ALMA ou Allo Maltraitance est une fédération fondée par le professeur Robert Hugonot. Il s’agit d’un réseau de proximité qui tend à apporter une solution lors des cas de maltraitance. Il a été décidé à la fin de l’année 1994 de mettre en place un réseau national d’écoute pour répondre au problème de la maltraitance des personnes âgées et favoriser la bientraitance.
Son fonctionnement se base sur du bénévolat. Il fait appel à des étudiants et des actifs, mais principalement des retraités formés à l’écoute et aux différents aspects de la maltraitance des personnes âgées. Ce choix d’employer des bénévoles s’est imposé à la fois en raison du manque de moyens financiers et d’une volonté d’amener les retraités eux-mêmes à mieux prendre conscience des risques de maltraitance liés au grand âge.
Maltraitance et Bientraitance : les actions des pouvoirs publics
Conscients du problème de la maltraitance, les pouvoirs publics ont mené plusieurs actions.
Lancé le 5 février 2008 par Valérie Létard, le numéro d’appel 3977 permet à toute personne, qu’elle soit victime ou témoin de dénoncer un cas de maltraitance. Depuis, toujours en collaboration avec ALMA, la Fondation 3977 ne cesse d’œuvrer pour la sécurité des plus fragiles.
Dans son dernier rapport datant de 2023, la Fondation 3977 met en lumière des chiffres révélateurs de ce problème sociétal. En moyenne, ce sont 50 appels qui sont passés par jours et 1500 par mois ! Parmi eux, 67% des victimes sont des femmes, et 75% sont des personnes âgées.
Consulter le dernier rapport de la Fédération 3977.
L’action des pouvoirs publics passe également par l’édition de nombreux rapports, guides et recommandations pour favoriser la bientraitance à travers des organismes tels que l’ANESM ou encore l’HAS.
Bientraitance : bonnes pratiques, études et rapports officiels
Les recommandations sur les bonnes pratiques professionnelles de L’ANESM
L’Agence Nationale de l’Evaluation et de la qualité des établissements et Services sociaux et Médico-sociaux (ANESM) se penche régulièrement sur la définition de la bientraitance et la mise en place de points de repère.
Son guide méthodologique détaille les étapes et les méthodes utilisées pour concevoir des recommandations de bonnes pratiques professionnelles (RBPP) adaptées au secteur social et médico-social. Ces recommandations sont établies sous la supervision de la Commission pour l’évaluation et l’amélioration de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (CSMS).
La création des RBPP s’appuie sur un processus rigoureux, structuré autour des étapes suivantes :
1- Mobilisation des connaissances disponibles :
- Une recherche approfondie et systématique est menée pour analyser de manière critique la littérature scientifique et professionnelle nationale et internationale.
- Des méthodes complémentaires, telles que des entretiens individuels, des groupes de discussion, des appels à contribution ou des auditions, permettent de recueillir les perspectives des acteurs concernés.
2- Constitution d’un groupe de travail :
- Ce groupe réunit des experts issus de différents horizons : scientifiques, professionnels du secteur et personnes directement concernées.
- Pour garantir la fiabilité des travaux, les membres doivent être exempts de tout conflit d’intérêts en lien avec le sujet étudié.
3- Relecture et validation par un groupe dédié :
- Les recommandations sont examinées par un groupe de lecture composé d’acteurs ayant des profils similaires à ceux du groupe de travail.
4- Consultation des parties prenantes :
- Tout au long du processus, les parties prenantes sont impliquées, notamment lors des étapes de cadrage et de relecture, afin d’assurer une adéquation aux besoins du terrain.
5- Validation finale par la CSMS :
- Ce modèle méthodologique garantit la production de recommandations fiables, applicables et adaptées aux enjeux du secteur médico-social.
Consulter le document complet des recommandations de l’ANESM.
Bientraitance : Le guide de bonnes pratiques de l’HAS
Le Dr Philippe MICHEL, président de la FORAP définit la bientraitance par « une démarche globale de prise en charge du patient » qui implique du personnel de santé une attitude « soucieuse » à l’égard de l’usager. Il s’agit de traiter avec respect les besoins, les demandes, les droits, les libertés et les choix du patient, et d’y répondre de manière réactive.
Si ce terme est aujourd’hui omniprésent dans les discussions abordant la question du soin et de l’accompagnement du patient ou de la personne âgée, c’est parce qu’un phénomène de « maltraitance ordinaire » est régulièrement constaté dans les établissement de santé et médico-sociaux.
L’objectif de ce guide est donc de recentrer le rôle des professionnels de santé sur sa dimension humaine. Eux-mêmes ont d’ailleurs exprimé leurs besoins par le biais d’un questionnaire distribué par les antennes régionales de la FORAP. Celle-ci a pu en tirer les grands axes sur lesquels fonder la mise en place de pratiques de bientraitance.
Guide de la bientraitance HAS : les points clés
Le guide a été conçu comme un kit comprenant des outils pratiques destinés aux professionnels de santé. Des grilles d’auto-évaluation et d’analyse les aideront à évaluer leurs pratiques et à suivre l’évolution de la qualité du soin, de l’accompagnement et de la prise en charge qu’ils offrent aux usagers.
Dès l’accueil, le patient comme sa famille doivent se sentir respecté et écouté, un objectif que l’adoption des sept outils suivants devrait rendre possible :
- amélioration des pratiques de bienveillance : outil d’évaluation
- regards croisés sur la bientraitance : outil d’évaluation
- la bientraitance en questions : évaluation individuelle des pratiques
- tableau de bord de la bientraitance : cartographie des risques
- la bientraitance en situations de vie : outil d’animation des équipes
- cahier des charges formation : outil d’aide à la décision
- les principes de bientraitance : déclinaison d’une charte
Les documents de l’HAS à consulter :
Consulter le guide complet de la HAS sur des bonnes pratiques à adopter.
Consulter la grille de repérage concernant la maltraitance sur les personnes âgées.
Consulter le rapport de l’HAS sur la maltraitance ordinaire.
Le Haut Conseil des Familles en lutte contre la maltraitance
le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) a publié un avis approfondi à l’occasion des États généraux des maltraitances, soulignant la nécessité d’agir fermement contre les maltraitances envers les personnes vulnérables. Le HCFEA appelle à une mobilisation collective pour promouvoir une société plus inclusive et respectueuse, où chaque individu bénéficie de conditions de vie dignes et sécurisées.
L’avis insiste sur la mise en œuvre d’une stratégie nationale, articulée autour de cinq axes majeurs :
- Favoriser l’émergence de l’information d’alerte
- Mieux analyser et orienter les alertes et signalements
- Réagir aux maltraitances de manière rapide et transparente
- Faire de chaque évènement un levier d’amélioration des pratiques
- Piloter le dispositif de réaction aux évènements indésirables
En matière d’accompagnement, le Conseil recommande de développer des politiques publiques centrées sur l’écoute des victimes et la prise en charge globale des familles. La prévention y est également valorisée, avec des propositions visant à renforcer la vigilance dans les établissements spécialisés et à soutenir les aidants, souvent en première ligne. Cet avis se veut un appel à l’action concret, en vue d’une meilleure protection des populations les plus exposées aux risques de maltraitance.
Consulter l’avis du Haut conseil de la famille et de l’âge – Conseil de l’âge.
D’autres études et rapport pour la Bientraitance
Consulter l’avis du défenseur des droits sur la proposition de loi n°193 (chapitre II).
Consulter le rapport de mission sur les maltraitances financières à l’égard des personnes âgées.
Des formations pour la bientraitance
Il existe différents types de formation bientraitance : formations professionnelles, formations spécifiques à la bientraitance en EHPAD, formation à la bientraitance des personnes âgées, handicapées, de l’enfance, formations consistant à repérer les risques de maltraitance…etc.
Formation Bientraitance
Pour soumettre une formation sur la bientraitance ou obtenir des informations :
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La méthode Montessori et la Bientraitance en EHPAD
L’application de la méthode Montessori en EHPAD repose sur la valorisation des compétences encore présentes chez les résidents, plutôt que sur les limitations imposées par la maladie ou le vieillissement. Cela passe par des activités adaptées, qui stimulent la mémoire, la motricité et les capacités sensorielles, comme le tri d’objets, les puzzles simplifiés ou la manipulation d’objets familiers. Ces exercices permettent aux résidents de retrouver un sentiment d’utilité et de compétence, tout en renforçant leur estime de soi.
Elle se base sur 3 grands principes :
- La dignité
- L’égalité
- Le respect
En favorisant des activités significatives et une organisation de l’espace pensée pour le confort des résidents (objets identifiables, repères visuels, routines claires), la méthode Montessori crée un environnement plus apaisant. Elle réduit également les comportements d’agitation ou d’anxiété. Si son déploiement reste encore limité en France, plusieurs EHPAD pilotes démontrent que la méthode Montessori peut transformer en profondeur l’accompagnement des personnes âgées, en redonnant du sens et de la douceur au quotidien.
La méthode de l’Humanitude
Le concept d’humanitude repose sur une définition de l’homme comme animal communiquant doté de capacités et vivant dans un milieu particulier, ce qui implique des besoins propres à l’espèce humaine. Ce concept a été popularisé et adapté aux soins des personnes âgées par Yves Gineste et Rosette Marescotti il y a 30 ans. La méthode ainsi mise au point a montré son efficacité vis-à-vis des personnes atteintes de maladies neurodégénératives de type Alzheimer et apparentées. Elle vise à restituer à la personne sa dignité d’être humain et s’inscrit ainsi dans une démarche de bientraitance.
Cette nouvelle approche des soins donnés aux personnes âgées repose sur quatre piliers :
- La parole demeure notre principal moyen de communication et de mise en contact avec autrui. C’est grâce à elle que nous possédons une pensée discursive car « c’est dans les mots que nous pensons ». Si l’Homme se définit dés la philosophie antique comme un animal rationnel, c’est par l’existence de la parole que nous possédons ce statut.
Ainsi la parole demeure importante dans les soins puisqu’elle permet aux patients et aux soignants de se définir comme Êtres humains. - Dans les cas de démences, l’impossibilité de la parole, ne sonne pas le glas de la communication. En effet, le regard demeure, il est notre premier outil de communication. Dés nos premiers jours, alors que la parole ne peut encore être mobilisée, le regard est une communication non-discursive qui demeure extrêmement expressive. Alors que les mots ne sont pas encore possibles, ne sont plus possibles, sont inadaptés, le regard permet encore de dire quelque chose. Pour cela, le regard doit fixer le visage de la personne, s’y accrocher, s’y arrêter et non pas fuir. Ce sont ces principes pratiques que met en avant l’humanitude.
- Le toucher est encore une forme de communication, même si elle demeure plus restreinte que les deux précédentes. On peut néanmoins distinguer dans les soins deux types de toucher. Le toucher au service de la technique, comme une palpation permettant au médecin ou au soignant d’obtenir des informations relatives à l’état de santé de la personne. La seconde forme est davantage une forme de sollicitude, une manière d’entrer en contact. Dans les soins ce toucher apporte réconfort et favorise l’estime de soi chez le malade.
- Enfin, si la bipédie n’est pas l’unique trait de l’humanité, elle demeure essentielle à nos fonctions motrices. Trois semaines d’immobilité suffisent à rendre grabataire une personne valide. En plus de la motricité, la verticalité permet une bonne perception spatiale. Elle favorise ainsi le bon fonctionnement cognitif.
Le label Humanitude®, un label de bientraitance adapté aux maisons de retraite
L’association Asshumevie a créé le Label Humanitude®, un label de bientraitance en institution, pour répondre aux problématiques grandissantes découlant du vieillissement de la population.
Ce label s’adresse aux EHPAD, aux services d’aides et de soins à domicile, aux établissements sanitaires et aux établissements pour personnes en situation de handicap qui souhaitent améliorer le bien-être des personnes fragilisées ou favoriser le “prendre-soin”.
La labellisation vient valider la démarche qualité de l’établissement (auto-évaluation, évaluation interne, évaluation externe). Le label est délivré sur le respect de 5 principes déclinés en 300 critères et indicateurs :
- Zéro soin de force sans abandon de soin
- Respect de l’intimité et de la singularité
- Vivre et mourir debout
- Ouverture sur l’extérieur
- Lieu de vie, lieu d’envies
Le poids des mots dans le domaine de la bientraitance
La bientraitance se joue avant tout dans le rapport avec une personne. Elle passe par ce contact entre deux sujets dont le principal moyen de communication reste le langage (même si il n’est pas le seul et que les autres moyens ne sont pas à négliger). C’est pourquoi il est primordial dans une attitude bientraitante de soigner les mots utilisés.
Pour un soignant en EHPAD, ces mots utilisés, que ce soit entre collaborateurs ou avec les résidents prennent une dimension particulière et font la différence entre une attitude bientraitante et une infantilisation de la personne âgée ou un comportement inadapté.
L’emploi d’un vocabulaire qui désigne par leurs noms techniques les outils utilisés par les résidents et les soignants, permet de rendre à chacun son statut propre. Le discours technique du soignant le place véritablement dans la position du professionnel de santé qui a pour tâche de prendre soin d’une personne âgée. Celle-ci utilise des outils et du matériel médical adapté pour vivre sa vie de personne adulte avec dignité.
L’emploi d’un autre discours ou d’autres termes que ceux d’un professionnel de soins bouleverse ces statuts et porte ainsi atteinte à l’intégrité du soignant et de la personne.
On peut citer quelques exemples marquants :
- L’utilisation du terme « couches » est aujourd’hui désuète.
- Résidant VS Résident : Un « résidant » est une personne qui séjourne pour un certains temps à l’étranger. Le « résident » est celui qui habite un endroit. Il est important pour la personne âgée d’habiter au sens fort son établissement de santé et non de s’y trouver étrangère.
- Les « ridelles » sont des protections qui empêchent un patient de chuter du lit, en aucun cas il ne s’agit de “barrières”.
- Certaines personnes âgées dépendantes ont besoin d’une aide pour prendre leur repas. Il ne saurait être question pour le soignant de leur « donner à manger ».
Cet article a été publié par la Rédaction le