Alors que le cœur de l’été est là, une période particulièrement éprouvante pour les professionnels des Ehpads et leurs résidents, il devient impératif de prendre des mesures concrètes pour le bien-vieillir en France. Malgré l’instabilité politique ambiante, les 650 millions d’euros promis en avril dernier par Fadila Khattabi, ministre déléguée chargée des personnes âgées et des personnes handicapées, sont plus que jamais nécessaires pour mettre en place de nouvelles initiatives positives et répondre à l’augmentation croissante du nombre de seniors dans ces établissements. Tribune libre de Amanda Blyau, fondatrice de LIVEARTS.
Au-delà de l’urgence immédiate, la France est confrontée à un défi structurel majeur. D’ici 2030, le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans devrait augmenter de 50 %. Les actions pour bâtir une société favorable au bien-vieillir sont-elles suffisamment solides ? La loi bien-vieillir, promulguée le 8 avril 2024, entrant en vigueur en janvier 2025, signe une avancée en matière d’économie solidaire et de dignité humaine dans un secteur particulièrement sous tension. Cependant, la volonté de la France de promouvoir un vieillissement en bonne santé, tant physique que psychologique, sera-t-elle suffisante face au financement qui tarde à arriver ?
Augmenter les investissements dans des Ehpads pour une prise en charge digne
Malgré les efforts significatifs déployés pour restructurer les Ehpads après la crise traversée en 2022, le chemin reste encore long pour répondre aux besoins croissants, aux défis persistants du secteur, ou encore à l’inflation. De plus en plus de chefs d’établissements se voient contraints de réduire les budgets pour sauver leur structure, mais malheureusement souvent au détriment des seniors. Devrait-on privilégier la qualité des repas au détriment des services de nettoyage ? Est-il judicieux de réduire drastiquement, voire supprimer les animations, sachant que cela priverait les résidents de contact humain dont ils ont cruellement besoin ?
Le personnel soignant des Ehpads fait également face à des défis structurants en raison du manque de moyens financiers engendrant une pénurie de main d’œuvre. Les ressources limitées rendent difficile l’embauche du personnel nécessaire pour assurer des soins de qualité, entraînant une surcharge de travail pour les soignants en place. Cette situation alarmante met en péril non seulement la santé physique et mentale des résidents, mais aussi la qualité des soins qui leur sont prodigués. Ce problème d’ordre sociétal doit être adressé rapidement et à grande échelle, avec des investissements pour les services aux seniors, que ce soit par des organisations publiques et/ou privées.
Un modèle à réinventer pour relever le défi démographique
Avec 21,3 % des Français ayant aujourd’hui plus de 65 ans et une espérance de vie en constante augmentation, des mesures doivent être prises pour bâtir collectivement une société du bien vieillir et faire face à l’augmentation du nombre de seniors qui vont rejoindre un établissement d’hébergement ces prochaines années. Au-delà des financements, il est indispensable de repenser le modèle des Ehpads en France pour mieux accompagner les professionnels de santé et les seniors, en remettant l’humain au cœur des priorités. Aujourd’hui, la durée de séjour moyen des seniors en Ehpad est de seulement deux ans. En optimisant la qualité de vie des seniors au sein des établissements d’hébergement, leur temps de séjour pourrait être prolongé, assurant ainsi une stabilité structurelle aux Ehpads.
Pour pallier au déficit de personnels soignants dans ses structures d’accompagnement, la Chine a récemment dévoilé qu’elle souhaitait mettre en place des Ehpads 100 % automatisés en remplaçant l’humain par des machines. Une hérésie pour les résidents dont le contact humain est essentiel pour préserver leur santé psychologique et pour lesquels il faut impérativement combattre la solitude et rompre l’isolement. Les établissements de santé, notamment les Ehpads, sont en constante quête d’amélioration des soins pour assurer le bien-être des résidents. L’intégration de technologies innovantes constitue une révolution déterminante vers une prise en charge optimale des personnes âgées, mais ne doit en aucun cas se substituer à l’humain.
Le lien social se doit d’être le moteur du modèle des Ehpads. Maintenir et entretenir des interactions régulières est un facteur primordial pour la santé et le bien-être de nos aînés, un moyen essentiel de lutter contre le taux de dépression. De nombreuses initiatives sont mises en place au sein des structures pour seniors afin de favoriser les relations intergénérationnelles. Rencontres intergénérationnelles, ateliers semi-thérapeutiques, ou encore animations de divertissement sont des activités essentielles pour offrir aux séniors un moment de convivialité, et leur permettre de s’évader de leur quotidien parfois difficile.
Afin d’accompagner les seniors de manière sereine vers une fin de vie épanouissante, tout un écosystème doit s’engager pour placer le senior au cœur des initiatives déployées. Politiques publiques, structures, organisations (publiques et privées) doivent s’unir pour agir en faveur d’un vieillissement en bonne santé. Une collaboration qui doit également soutenir les aidants et les professionnels de santé dans leurs efforts pour atteindre cet objectif.
Cet article a été publié par la Rédaction le