Fin juin 2017, Anastasia Morozova a posté sur son compte Facebook un témoignage sur sa récente démission d’un poste d’aide-soignante en EHPAD, repris par le site du Huffington Post. Elle y explique les raisons de son départ et livre ses excuses aux résidents dont elle s’occupait.
« Aujourd’hui je quitte mon poste d’aide soignante en EHPAD, le cœur lourd.
Lourd de pas avoir pu être entendu par ma hiérarchie. Lourd pour les personnes âgées dont je me suis occupée et qui vont souffrir de mon départ à la veille de l’été. Je m’en veux de les abandonner mais je n’en peux plus.
Je mange des cachets de Xanax comme on mange des bonbons. Mon sentiment de mal être, malgré des pleurs et des cris dans le bureau de ma cadre, n’a jamais été entendu. J’ai l’impression d’être une fleur qu’on met dans un coin et que l’on oublie. Mais je ne suis pas une fleur. Je suis un être vivant, comme la fleur, qui pense et qui a des sentiments.
Oui, il est fini ce temps où l’on demandait aux aides soignantes de faire sans réfléchir. On a un diplôme d’État et même une conscience professionnelle.
Aujourd’hui, pour mon dernier jour j’ai pleuré.
Pleuré à cause de ces personnes qui seront maltraités a cause des règles des institutions. Non ce n’est pas normal de faire manger 15 personnes en moins de 45 min quand on est 4. Non ce n’est pas normal d’accorder que 7 minutes à une dame pour la lever, l’habiller, l’installer en sécurité, lui servir un pichet d’eau fraîche.
Même si elle a Alzheimer et qu’elle aura oublié aussi vite que je serais passée. Ce n’est pas normal car moi je n’oublie pas. Je ne veux pas que l’on accorde aussi peu de temps a mes parents le jour où ils seront malades ou juste vieux.
J’ai le cœur lourd, car je l’ai crié mon mal être et on m’a juste répondu « Mais tu as fait le meilleur de ce que tu as pu ce matin ». Mais non ! Je n’ai pas fait le meilleur de ce que j’ai pu, Sinon je ne pleurerai pas autant, je ne me rendrai pas amnésique à coup d’anxiolytiques pour oublier ce sentiment d’être maltraitante. Je m’en vais avec ma conscience professionnelle mais je culpabilise.
À mes chers résidents dont je me suis occupée, je vous prie d’accepter mes excuses.
Je suis désolée de pas m’être beaucoup plus battue pour vous. Je suis épuisée de me battre contre un monde où ils ont oubliés que vous êtes pas des fleurs mais des êtres humains.
Ce n’est pas une excuse, mais je m’en veux de vous abandonner.
J’espère que vous garderez en tête toutes nos chansons chantés ensemble, nos danses, nos rires et tout ces moments qui m’ont permis de me lever tout ces matins et de ne pas abandonner plus tot.
Prenez soin de vous. »
L’avis de la rédac’
Un témoignage isolé ? La situation des aides-soignantes fait la « une » dernièrement en France, en témoigne la grève de cette dizaine d’aides-soignantes dans le Jura, qui a duré 117 jours.
Ce témoignage, bien que véridique, n’enlève en rien la qualité des soins prodigués dans les EHPAD français. Ne généralisons pas le sujet. Le personnel qui œuvre au quotidien dans les EHPAD auprès des personnes âgées dépendantes est en sous-effectif et éprouve un sentiment de frustration. Cependant, accuser les EHPAD n’est pas la solution : le débat est politique.
L’AD-PA expliquait d’ailleurs comprendre la grève des aides-soignantes dans le Jura et soulignait que notre pays avait accumulé depuis 30 ans un retard important par rapport à ses voisins européens. Ce retard conduit aujourd’hui à des situations à l’identique de celle vécue par Anastasia Morozova : certains professionnels en établissement n’ont pas assez de temps pour accompagner correctement nos aînés fragilisés.
Les directeurs comme les salariés vivent de plus en plus difficilement cette contradiction entre les budgets toujours plus contraints et les attentes croissantes des personnes âgées et de leurs familles.
Il faut cependant souligner certains progrès, à l’instar des aides sociales, du confort et de l’architecture des résidences, de la formation des personnels, de la prévention de la maltraitance ; la France est d’ailleurs un modèle d’innovation pour l’international. Mais qu’en est-il de l’augmentation des effectifs du personnel soignant ? Là est la question… A suivre…
Cet article a été publié par la Rédaction le
Aujourd’hui, Aide soignante dans une unité Alzheimer’s, je suis en arrêt maladie pour « surmenage ».. le doc m’a parlé de Burn Out.. le mot qui fait fait froid dans le dos quand on aime son métier.. Mais aujourd’hui je me suis écroulée encore une fois dans un coin de couloir, et je n’ainpas réussi à me relever.. aujourd’hui je pense enfin à essayer de freiner les cadences infernales du quotidien en EHPAD en acceptant cet arret.. et je pense également à la démission pour demain.. c’est une décision qui est dur à prendre, car notre métier, nous l’aimons..
J ai choisi de faire ce métier a l âge de 35ans un beau métier que de s occuper des autres..aujourd’hui a la retraite depuis quelques années pour « incapacité » je suis effrayée de voir la situation évoluer dans l indifférence des gens qui nous gouvernement.. Je n ai pas oublié les paroles de mon chef de service: mais non A.. vous exagérez…
je me trouve interpelé quand je vois écrit la hierarchie tolére la maltraitance .aucunes hierarchies et aucun encadrement ne tolère de tels choses ……du grand n’importe quoi.
c’est celui qui est au pied du lit qui est acteur du soin.j’espère au moins que dans tout les posts il n’y a que le privé qui se plaint
je ne parle pas forcement de cet article mais tout les posts lu à x endroits
Merci pour ce temoignage Anastasia