En 2022, la France compte 11 millions d’aidants. Les aidants jouent un rôle de coordinateurs auprès des intervenants professionnels. Leur présence permet le soutien à domicile des personnes âgées en perte d’autonomie, ou des personnes en situation de handicap.
Cependant, certains perçoivent ce rôle comme une « charge », tant sur le plan psychique, psychologique que financier. La loi d’Adaptation de la Société au Vieillissement (ASV) a apporté une attention particulière aux aidants. Point sur la situation à l’heure actuelle…
Aidants : quézako ?
Les aidants familiaux, appelés proches aidants ou aidants naturels, sont des personnes qui accompagnent un proche en perte d’autonomie ou en situation de handicap. Cette assistance peut être de nature permanente ou bien irrégulière. Ce soutien comprend un large éventail de services allant des activités domestiques aux soins médicaux en passant par les démarches administratives.
Aidant.e : Personne qui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie es actes ou des activités de la vie quotidienne d’une personne en perte d’autonomie, du fait de l’âge, de la maldie ou d’un handicap.
Article 51 de la loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement
Bien que chaque situation d’aidant soit unique, tous font face à des défis similaires. Le manque de temps pour soi, la fatigue, l’isolement et la pression psychologique peuvent faire partie du quotidien des aidants. Les aidants familiaux en particulier ont une charge lourde et peuvent subir des conséquences négatives sur leur santé physique et mentale. Leur vie social et professionnelle sont touchées par ce rôle.
Il est donc essentiel que les aidants prennent du temps pour eux-mêmes et aient accès à des moments d’évasion. Les loisirs, les sorties et les rencontres sont importants pour sortir de son quotidien. Selon le Ministère de la Santé et de la Prévention, il y avait en 2021 environ 4,3 millions d’aidants réguliers en France, dont 70% étaient des aidants familiaux. Les femmes représentaient 62% de ces aidants familiaux, tandis que les professionnels de santé et les bénévoles représentaient les 30% restants.
Ces chiffres mettent en évidence l’importance des aidants familiaux et soulignent la nécessité pour la société de reconnaître leur rôle essentiel et de leur fournir le soutien nécessaire pour accomplir leur tâche avec succès.
La Loi d’Adaptation de la Société au Vieillissement en soutien aux aidants
La reconnaissance du statut de proche aidant, tout d’abord
Pour la première fois, la loi donne et inscrit une définition de l’aidant. Tous les membres de la famille exerçant ce rôle, mais également les personnes ayant des liens étroits et stables, sans forcément appartenir à la famille sont ainsi reconnus aidant.
Le congé de proche-aidant
Par ailleurs, les aidant ont acquis de nouveaux droits . Parmi eux, le « congé de proche-aidant », qui permet aux proches de consacrer du temps à aider une personne en perte d’autonomie depuis le 1er janvier 2017. Grâce à cette mesure, les aidants qui soutiennent des personnes non-parents ou en établissement peuvent bénéficier du congé
Les salariés peuvent désormais transformer leur congé en période d’activité à temps partiel grâce à une nouvelle mesure. Les aidants ont la possibilité de fractionner ce congé en périodes de trois mois renouvelables jusqu’à un an non rémunéré.
Pourtant, il faut noter que pour l’heure, le congé-proche aidant a été très, très, très peu utilisé…
Le droit au répit pour les aidants
L’aide au répit et le droit au repos sont des mesures instaurées par la loi ASV pour les proches-aidants.
Pour financer de l’accueil temporaire en établissement ou en accueil familial, l’APA peut être majoré jusqu’à 500 euros par an. Des heures d’aide à domicile supplémentaires peuvent également être financées au-delà des plafonds de l’APA
La mise en place de l’allocation journalière du proche aidant
L’AJPA vise à soutenir les personnes accompagnant un proche en perte d’autonomie ou en situation de handicap. Cette aide compense les pertes financières de l’aidant qui doit s’absenter pour s’occuper de son proche.
Plusieurs conditions doivent être remplies afin de pouvoir bénéficier de l’AJPA :
- L’aidant doit avoir stoppé son activité professionnelle ou avoir réduit son temps de travail.
- Le proche aidé doit avoir un taux d’incapacité égal ou supérieur à 80%.
- L’aidant et l’aidé doit avoir un lien étroit.
- L’aidant ne doit pas recevoir d’autre allocation.
L’AJPA est versée pour une durée maximale de 3 mois et est renouvelable une fois. Son montant est fixé à 62,44€ la journée et 31,22€ la demi-journée en 2023. Elle est accordée par la Caisse d’allocations familiales ou par la Mutualité Sociale Agricole. Elle est soumise à une demande préalable. L’aide est versée pour une durée limitée.
Tout d’abord, il convient de noter que l’allocation journalière du proche aidant n’est pas cumulable avec d’autres aides destinées à compenser les pertes de revenus des aidants, comme l’Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées ou l’Allocation aux Adultes Handicapés. Ensuite, le versement de l’AJPA est conditionné à une évaluation de la situation de l’aidant et de l’aidé. Cet examen est réalisé par un professionnel de santé. Cette évaluation permet de déterminer si l’accompagnement est bien adapté aux besoins de la personne aidée. Cette aide est versée dans la limite de 66 jours pour l’ensemble de la carrière de l’aidant.
Les autres dispositions de la Loi d’Adaptation de la Société au Vieillissement
En parallèle, les aidants familiaux peuvent bénéficier de formations spéciales. L’objectif est de mieux appréhender les maladies ou les handicaps de leurs proches. Les gestes et les techniques du quotidien peuvent leur être appris.
La loi ASV prévoit également des mesures qui visent à favoriser le maintien à domicile des personnes âgées. Les services à domicile, l’habitat inclusif ou les services de transport adapté représentent des pistes de travail de la loi.
L’aide aux aidants : une priorité pour les entreprises
« S’occuper d’un proche en perte d’autonomie est, pour la plupart d’entre nous, une évidence humaine, les aidants sont encore nombreux à ne pas oser en parler, au sein de leur entreprise. Pourtant, les répercussions sur leur vie quotidienne sont immenses. Et il est temps que nous en ayons, toutes et tous, conscience. Aussi bien les pouvoirs publics que les entreprises », expliquait Pascale Boistard dans son discours d’introduction de l’édition 2016 de la Journée Nationale de Aidants.
Dans l’Observatoire OCIRP – salariés aidants 2022, à la question « Le sujet des salariés aidants sera-t-il important ou prioritaire à l’avenir ? », 85% des DRH interrogés répondent « Oui ». Néanmoins, pour 57% des Responsables des DRH interrogés, la question des salariés aidants reste tabou dans l’entreprise.
L’amélioration de la rémunération du temps partiel, les congés élargis ou rémunérés, l’aménagement des horaires, le développement du télétravail, l’accès à des informations à des services, à de l’assistance font partie des pistes de réflexion.
En effet, de nombreuses entreprises prennent le relais pour accompagner les salariés aidants, en intégrant une action d’accompagnement dans leur politique sociale et RH, en trouvant, par exemple des solutions d’aménagement du temps de travail, de télétravail…
Diverses entreprises et associations constatent que la mise en place de telles mesures réduit considérablement les congés maladies ou l’absentéisme liés à la situation des aidants. En outre, une amélioration de l’engagement des emplois est soulignée.
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Le renforcement des droits des aidants : un véritable enjeu
D’après les résultats du Baromètre OCIRP 2017 « Quelle autonomie demain », les français sont favorables à un renforcement des droits des aidants à hauteur de 72,7%.
On note une nette progression par rapport à 2015 (+6,6 points). RH et délégués syndicaux sont eux aussi de plus en plus favorables au renforcement du droit des aidants. Par ailleurs, on note une forte prise de conscience des directions d’entreprises et des représentants de salariés.
Selon les Français, le renforcement de l’aide au répit (79%), le maintien des droits sociaux (88,1%) et les aménagements d’horaires (78,1%) sont perçus comme des mesures pouvant améliorer leurs droits, particulièrement appréciées par les salariés et les particuliers.
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Le rôle d’aidant est donc un rôle complexe à porter. En 2022, les aidants sont confrontés à un manque d’information selon l’Observatoire Cetelem. 20% des Français affirment aider de manière régulière et fréquente un proche dans les tâches quotidiennes. Cependant, seuls 27% de la population estiment être bien informés sur le statut d’aidant. Seulement 63% des aidants actifs connaissent les dispositifs en place en leur faveur. On constate donc qu’ils sont nombreux à ne pas être parfaitement informés sur le sujet.
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Les aidants à l’honneur le 6 octobre en France
L’Association pour la Journée Nationale des Aidants, une association non lucrative, loi 1901, organise chaque année la Journée Nationale des aidants. Cet évènement rassemble, chaque année, de nombreux acteurs engagés auprès des aidants.
Cette journée est l’occasion de faire reconnaître leur rôle pivot dans le cadre de la transition démographique actuelle. De plus, elle permet d’informer les entreprises, sensibiliser les actifs aux aides existantes et mobiliser tous les acteurs du soutien aux aidants. Elle sensibilise les pouvoirs publics sur la nécessité de mettre en place des politiques d’aide et de soutien. L’objectif est de réduire la charge physique et psychologique importante à laquelle sont confrontée ils sont confrontés.
Cette journée est aussi l’occasion de valoriser tous les acteurs du soutien des aidants : associations, entreprises, collectivités, mutuelles, etc. À l’occasion, l’Association pour la Journée Nationale des Aidants organise différentes actions. Des conférences, des tables rondes, des manifestations culturelles ou sportives, des ateliers d’information et d’échanges, ou encore des rencontres avec des professionnels de l’accompagnement des personnes âgées et des aidants sont proposées.
Cet article a été publié par la Rédaction le