Selon le baromètre d’opinion 2014 de la DREES, près de la moitié des Français estimerait que leurs parents menaient une meilleure vie. Retour sur le déclassement générationnel tel qu’il est ressenti par la population.
Baromètre d’opinion 2014 de la DREES : les Français et le sentiment de « déclassement générationnel »
46 % des Français estiment que leur situation s’est dégradée par rapport à celle de leurs parents au même âge. C’est le résultat du dernier baromètre d’opinion de la DREES (Direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques), publiée en juillet 2016. Il s’agit d’une augmentation de 10% par rapport à la même période en 2013, et de 20% par rapport à 2004 ; les perspectives d’avenir des Français ne semblent pas être des plus réjouissantes…
Ce baromètre tend à mesurer l’étendue et les modalités du sentiment de « déclassement intergénérationnel » ; les personnes interrogées ont dû comparer leur situation par rapport à celle de leurs parents au même âge en la qualifiant de « bien meilleure », « plutôt meilleure », « à peu près identique », plutôt moins bonne », et « bien moins bonne ».
Déclassement générationnel et précarité de l’emploi
Plusieurs facteurs rendaient les personnes interrogées plus susceptibles quant à la qualité de leur vie, tout particulièrement comparée à celle de leurs parents ; les chômeurs ont le plus exprimé ce sentiment, à hauteur de 65 %; en ce qui concerne les actifs, les travailleurs à temps partiel et les intermittents déclaraient ressentir ce déclassement générationnel à hauteur de 55% et 61% respectivement, contre 48% des travailleurs à temps plein, ce qui suggère une possible corrélation entre qualité de vie et précarité de l’emploi. Une personne sur deux s’estimant moins bien lotie que la génération de ses parents craignait par ailleurs de passer le seuil de pauvreté dans les années à venir.
Incidemment, les personnes qui ne travaillaient pas étaient étaient généralement plus optimistes : les retraités et les étudiants ont été respectivement 35% et 39% à s’estimer en meilleure posture que la génération de leurs géniteurs.
Une mauvaise expérience de l’insertion professionnelle accentuerait le sentiment de déclassement
Cet écart entre étudiants et actifs peut très bien résulter d’un « désenchantement » lié à des attentes non satisfaites par rapport au monde du travail, et de manière générale, une expérience négative de l’insertion professionnelle. Entre 1995 et 2007, les personnes ayant effectué des parcours universitaires longs (détenteurs, au minimum, d’une licence) ont vu leur salaire médian diminuer de 7,5 %, selon une étude effectuée par Eckbert en 2011.
Dans le cas des retraités, il semble plutôt lié à une trajectoire économique historique ; cette génération du « baby boom » a connu une amélioration sensible de sa qualité de vie, particulièrement comparé à leurs parents, nés, pour la plupart, durant les années 20 et 30 ; les plus de 60 ans ne sont que 36 % à se plaindre d’un déclassement. Ce déclin est donc tout relatif, et ne semble pas indiquer une baisse notable de la qualité de vie.
Les jeunes Français, plus pessimistes que leurs aînés ?
L’âge représente également un facteur important dans l’apparition de ce sentiment de déclassement : les personnes âgées de 25 à 59 ans étaient de loin les plus pessimistes : 44 % d’entre elles évoquent une dégradation de leur situation. Un lien peu être établi entre cet état de fait et la montée du chômage au cours des années 70 et jusqu’à aujourd’hui, ou encore la crise économique de 2008. Le regard porté par les Français sur la société dans laquelle ils vivent ne semble en revanche pas être un facteur significatif.
Une petite touche d’optimisme : 29% des personnes interrogées jugeaient leur situation meilleure que celle de leurs parents au même âge, et un quart considéraient leur situation identique.
Télécharger le Baromètre opinion 2014 de la DREES
Cet article a été publié par la Rédaction le
Je suis tout à fair d’accord avec cet article. Mon fils diplômé depuis deux ans d’un MASTER en éco gestion peine à dénicher un premier emploi en lien avec son cursus. Je pense qu’il assiste à un vrai phénomène de discrimination envers les jeunes diplômés. Pas étonnant donc que les jeunes s’envolent vers de contrées plus ouvertes en termes d’emploi…